Julie Couturier, présidente de l’EFB

Rentrée solennelle

« Les premiers effets de la réforme de l’examen d’entrée se font sentir »

Quelles sont vos ambitions pour l’école ?

Julie Couturier : C’est de poursuivre le mouvement déjà entamé, c’est-à-dire les formations communes avocats-magistrats. Effectivement, il y a une présence très forte des magistrats à l’EFB pour apprendre aux élèves, notamment en matière judiciaire, à comprendre dès l’école ce que les juges attendent des avocats.

Il y a, par ailleurs, une espèce de décalage entre la perception que les élèves ont de l’école et la réalité. L’EFB a considérablement progressée ces dernières années, notamment sous l’impulsion de Marie-Aimée Peyron, bâtonnier, et Basile Ader, vice-bâtonnier, ainsi que Aliénor Kamara-Cavarroc, la directrice pédagogique. Il est vrai que la création de ces parcours a aussi permis d’améliorer la qualité de la formation, il faut maintenant que cela se sache. On a beaucoup critiqué l’école, disant que ça ne sert à rien, que ses cours étaient trop théoriques, aujourd’hui cela n’est plus vrai.

Les changements opérés après chaque élection ordinale sont également critiqués. Qu’en pensez-vous ?

J. C. : Je pense, au contraire, qu’il faut que les choses s’inscrivent dans la durée. L’installation, l’année dernière, du directeur, Gilles Accomando, va permettre la mise en place d’un certain nombre de programmes. Nous aimerions insister sur la formation à la vie du cabinet : il faut considérer que les élèves-avocats sont déjà des entrepreneurs en puissance. Nous souhaitons également mettre l’accent sur tout ce qui concerne l’égalité, c’est-à-dire que nous voulons aussi former les avocats aux risques psycho-sociaux, à toutes les questions de conciliation vie professionnelle-vie personnelle. Toutes ces données sont quelque peu nouvelles.

Vous parliez de la relation avocats-magistrats. Cela vous tient à cœur personnellement ?

J. C. : Oui, toutefois, il ne faut pas oublier que 70 % des avocats parisiens ne font pas du judiciaire mais du conseil. Il ne faut pas non plus que nous ayons un tropisme judiciaire trop fort. Il est vrai qu’une cérémonie comme aujourd’hui, où la cour fait l’effort de se déplacer, c’est important de savoir ce qu’il en est. Mais effectivement, c’est mon sujet depuis des années.

Cette année, il y a près de 400 élèves-avocats en moins. Pourquoi ?

J. C. : Nous commençons à sentir les premiers effets de la réforme de l’examen d’entrée, qui est devenu national. Auparavant, les Instituts d’études judicaires (IEJ) organisaient leurs propres examens. À partir du moment où il y a un examen national, les résultats sont unifiés. Cela rend les choses un peu plus sélectives, ce qui n’est pas plus mal. Même si je suis radicalement opposée au numerus clausus.

Il y a également des évolutions sur le plan sanitaire ?

J. C. : Nous allons nous adapter, comme nous avons su le faire durant la première période de la pandémie. Je n’étais pas aux affaires, mais cela continue. Effectivement, nous avons fait le choix du distanciel, au moins pour le mois de janvier, même si nous aimerions revenir le plus vite au présentiel. Autant, lors de la rentrée de l’EFB, nous avions la possibilité d’assurer aux élèves la plus grande sécurité possible avec des FFP2, un siège sur deux, etc. Autant, à l’école, il y a forcément plus de brassage. C’est un peu plus compliqué, c’est pourquoi nous préférons, dans un premier temps et par précaution, être en distanciel.

Par QUENTIN CLAUZON
17 janvier 2022

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